Formes de récits

Il est à noter que plusieurs formes de récit peuvent se retrouver dans une même oeuvre.

a) déterministe

Le récit est déterministe quand la suite d’événements est prédéfine à l'avance et ceux-ci constituent des passages obligés pour l'interacteur; la façon dont il découvrira ces événements constituera alors l'intrigue.

Le programme est composé d'un engin narratif qui administre les règles de sélection et d'une base de données de séquences.

i) topographique

Le récit est topographique quand l'interacteur découvre l’intrigue en validant différents points d’entrée liés à des lieux définis.

À chaque lieu sont associés des informations ou des événements.

En interrogeant les bons personnages et/ou en découvrant des indices, l'interacteur déclenchera les conditions qui permettront au programme de lui révéler de nouveaux éléments de l’intrigue, lui allouant l’accès à d’autres lieux.

L'interacteur a le choix de l’ordre dans lequel il veut que lui soit révélé l'information de l'intrigue, en explorant prioritairement tel lieu plutôt qu’un autre.

Le propre de la narration topographique est de permettre au spectacteur de reconstruire un récit à partir de briques narratives.

Les récits reposent sur des histoires mortes, c'est-à-dire des événements passés. Les enquêtes policières en sont une bonne illustration : le meurtre a déjà eu lieu, le criminel a semé des indices à certains endroits, etc. L'interactivité consiste à fouiller un lieu (exploration) ou le passé (investigation) pour résoudre le mystère ou découvrir une vérité cachée.

ii) arborescent

Le récit est arborescent ou quand à certains endroits, l’intrigue se divise pour proposer l'interacteur plusieurs développements alternatifs.

Chaque moment décisif crée un embranchement dans l'histoire, le fil narratif se dédoublant à chaque fois.

Ce type de fiction est aussi qualifié de fiction interruptive dans la mesure où le récit s'arrête à chaque moment décisif, le temps que l'interacteur fasse son choix.

iii) multifocalisé

Le récit est multifocalisé quand l'intrigue est préétablie mais que les mêmes événements peuvent successivement être découverts de différents points de vue.

On propose en parallèle plusieurs fils narratifs correspondant chacun à la perception d'un des personnages des événements du récit.

Contrairement à la fiction arborescente, ces narrations parallèles ne constituent pas des alternatives, mais des facettes d'une même histoire.

L'interactivité consiste à naviguer entre les points de vue. Cela permet une simultanéité que le montage filmique ne permet pas.

Le passage d'un point de vue à un autre peut être possible en permanence, ou seulement à certains moments clés du récit, par exemple lorsque deux personnages se croisent.

b) autogénératif

Le récit est algorithmique ou autogénératif quand l'interacteur peut générer par lui même une intrigue, rendant ainsi égal temps du récit et temps de l’histoire.

Le programme qui prend la forme d'un simulateur contient les mécanismes qui permettent à l'interacteur de produire les événements qui constitueront l’histoire.

L'interacteur ne se contente donc pas uniquement d’activer des événements préétablis.

L'interacteur peut choisir et modeler son avatar.

Ce genre de récit est très fréquent dans les jeux multijoueurs, où plusieurs protagonistes agissent dans la même partie. Les buts à poursuivre sont multiples.

Au commencement de toute partie, les joueurs doivent tout d’abord convenir du but poursuivi ou encore un but leur est assigné.

Ils choisissent ou construisent ensuite un lieu à l’architecture et à la géographie spécifique ou encore un lieu leur est imposé.

C’est leur emplacement qui fournira les différents éléments de narrativisation permettant aux multiples utilisateurs de créer, par leurs agissements, des événements inédits et donc une histoire différente à chaque nouvelle partie.

c) multimodal

Le récit multimodal, propose un contenu homogène sur plusieurs médias, en exploitant les spécificités de chaque média utilisé et en créant des interactions entre ces médias.

Dans ce cas, d’autres médias participent à véhiculer les événements constitutifs de l’intrigue : réception d'appels téléphoniques, de courriers électroniques, visitant de certaines pages web, etc.

Alternate reality game (ARG), jeu de réalité alternative. Ex.: The Lost Experience.

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