Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques | Louis-Claude
Paquin, UQÀM |
20e siècle
Charles Sanders Peirce
dès 1895 établit une distinction entre
les index
signes qui se caractérisent par une relation de contiguïté avec leur référent
(la fumée, l’ombre, la girouette, la trace, etc.)
les icônes
qui se caractérisent par une relation de ressemblance (mimétique)
crise de la modernité
reconnaissance de la séparation irréconciliable entre le signifiant et le signifié
le signe n'est plus vu comme une unité
remise en question
de l'originalité et de l'homogénéité de la subjectivité humaine
de l'autorité de la représentation mimétique
éclatement des codes picturaux
avant-gardes du début du 20e siècle
expressionnisme, fauvisme, cubisme, futurisme, constructivisme
rejet des couleurs référentielles à partir de 1905
le Fauvisme qui rompt radicalement avec les conventions figuratives
Maurice de Vlaminck, La Fille du Rat Mort (1905)
couleurs éclatantes et totalement infidèles à la nature
facture heurtée
agencement simplifié de l’espace
présence affirmée de la touche
rupture avec la figuration au tout début des années 1910
Wassily Kandinsky, Sans titre (aquarelle) (1910)
rupture avec l'unicité du point de vue
le cubisme multiplie les points de vue sur le sujet
effet de morcellement qui en résulte rend l’image plus difficilement lisible pour un spectateur
« Ce qui différencie le cubisme de l’ancienne peinture, c’est qu’il n’est pas un art d’imitation mais un art de conception qui tend à s’élever jusqu’à la création » (Apollinaire)
démonstration par le portrait
perte du statut exemplaire de représentation mimétique
comme genre
ne plus rendre quelqu'un dans son originalité individuelle ou la qualité de son essence
nouvelles conceptions de la subjectivité et de nouvelles notions de la représentation
Picasso
Picasso, Pablo Portrait de Daniel-Henry Kahnweiler (1910) le fait pictural devient, par là-même, le sujet du tableau
première phase du cubisme
appelée «cubisme analytique»
réduction de la palette à un camaïeu de brun-bistre
pour souligner l'architecture décomposée des objets
Francis Bacon
interprétation inédite du corps et du visage humains
à la limite de la désagrégation ou de la déformation d'un phénomène optique
les torsions et leurs enroulements les éloignent de l’imitation extérieure
expressions hagardes d'une vérité criante
hurlement d'une angoisse existentielle
pinceau souple et cursif
couleur mate et légèrement grenue aux nuances chatoyantes et acides
Keith Cottingham
Keith Cottingham. Fictitious portraits, (1994)création de modèles qui ont toutes les apparences d'êtres réels
à partir de masques d'argile, de dessins anatomiques, de morceaux de peaux, de cheveux, de traits physionomiques scannés et numérisés
beaux adolescents aux regards vides dans des poses policées
esquinte les deux inventions fondamentales du modernisme :
l'objectivité de la photographie comme empreinte de la réalité
autonomie du sujet humain
montrer l'espace virtuel qui se tient derrière le réel
l'individu n'est pas un mais le produit
de plusieurs personnes
de multiples activités extérieures qui façonnent les corps
la re-production électronique permet
d'utiliser et d'abuser les mythes
de dévoiler ce qu'on ne veut ou ne peut pas voir et entendre
van Lawick et Müller
Friederike van Lawick et Hans Müller. La Folie à deux, 1996 Photographie numérique contre-collée sur PVC, ensemble de seize photographies seize poses isolées, sur le modèle du photomaton
identité du visage de chaque membre du couple aboutit,
par imperceptibles glissements
à une fusion qui annihile la personnalité propre de chacun des modèles
à une sorte de synthèse indistincte qui rend l’identique identique et parfaitement semblable
mise en évidence des différences très subtiles que le mouvements et la non-répétition empêcheraient de voir
brouillage des points de repères
confusion : on ne sait plus si on a affaire à une ou deux personnes et s’ils sont homme ou femme
Ernst van Alphen (1997) «The Portrait's Dispersal : concepts of representation and subjectivity in contemporary portraiture» in Art in mind : how contemporary images shape thought, Chicago : University of Chicago Press, 2005. ISBN: 0226015289, 228 p.
dernière mise à jour : |