Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques | Louis-Claude Paquin, UQÀM |
postmodernité épistémologie
de 1960 à nos jours
émergence d’un cadre culturel et conceptuel
rupture avec la modernité
il n’est plus possible d’appréhender le monde à l’aide de concepts hérités des Lumières
la modernité met en cause notre connaissance du monde et notre manière de le connaître
la postmodernité met en cause le monde lui-même et notre manière d’y exister de nous y confondre
rejet du positivisme, du darwinisme, du matérialisme et de l'idéalisme
la modernité questionne les manières de représenter le réel et la légitimité des différents systèmes de représentation
la postmodernité questionne la représentation elle-même
influence de la phénoménologie
mutation culturelle
mutation importante de notre « manière d’être » : le posthumanisme
prise de conscience de l'échec de l’Histoire
le modèle théorique d’interprétation de l’histoire
comme progrès linéaire et continu
étendu à l’ensemble des sphères politiques, économiques et sociales
-> perd sa pertinence et sa légitimité
conscience de l'échec des tentatives d'interprétation et d'amélioration de la vie humaine
deux guerres mondiales d’une efficacité meurtrière hallucinante
horreur systématique de la solution finale nazie
la bombe atomique
remise en cause tous les systèmes uniques de toutes les idéologies totalisantes
désillusion et désintérêt pour les grands mouvements théoriques, idéologiques et utopistes du 20e siècle
refus d'une conception du monde et de la représentation fondée sur une forme unique de vérité
souligne l'importance des relations de pouvoir, la personnalisation et le discours dans la «construction» de la vérité et d'opinions universellement admises
primat de la pluralité sur la singularité
François Lyotard
François Lyotard, La condition postmoderne, 1979 incrédulité à l’égard des «métarécits», narrations à fonction légitimante
récit chrétien de la rédemption de la faute adamique par l’amour
récit de l’émancipation de l’ignorance et de la servitude par la connaissance et l’égalitarisme
récit de la réalisation de l’Idée universelle par la dialectique du concret
récit marxiste de l’émancipation de l’aliénation par la socialisation du travail
récit capitaliste de l’émancipation de la pauvreté par le développement techno-industriel
renoncement à une unification de la multiplicité des perspectives sous une unique interprétation totalisante
pluralité de « microrécits » locaux qui cohabitent avec une multitude d’autres récits
simulacre et simulation
Jean Baudrillard
« Telle est la simulation, en ce qu'elle s'oppose à la représentation. Celle-ci part du principe d'équivalence du signe et du réel (même si cette équivalence est utopique, c'est un axiome fondamental). La simulation part à l'inverse de l'utopie du principe d'équivalence, part de la négation radicale du signe comme valeur, part du signe comme réversion et mise à mort de toute référence. Alors que la représentation tente d'absorber la simulation en l'interprétant comme fausse représentation, la simulation enveloppe tout l'édifice de la représentation lui-même comme simulacre.
Telle seraient les phases successives de l'image:
- elle est le reflet d'une réalité profonde
- elle masque et dénature une réalité profonde
- elle masque l'absence de réalité profonde
- elle est sans rapport à quelque réalité que ce soit : elle est son propre simulacre pur.
Dans le premier cas, l'image est une bonne apparence – la représentation est de l'ordre du sacrement. Dans le second, elle est une mauvaise apparence – de l'ordre du maléfice. Dans le troisième, elle joue à être une apparence – elle est de l'ordre du sortilège. Dans le quatrième, elle n'est plus du tout de l'ordre de l'apparence, mais de la simulation. »
Baudrillard, Jean (1981) Simulacres et simulation, Paris, Galilée, p. 16-17.
critique du logocentrisme occidental
Jacques Derrida
(1930 - 2004)primat que la tradition occidentale a accordé à la parole ou à l’intelligible comme condition de toute chose
idéalisme et spiritualisme
la parole qui exprime une signification immédiate
la parole gage de la présence de la pensée à elle-même
la déconstruction
philosophie comme forme de critique textuelle
pluralité de sens
dans tout discours, il y a toujours nécessairement un écart dans la signification, appellé « différance »
rien ne peut être signifié d’un seul tenant, mais toujours dans l’espace et le temps
s’il y a quelque sens ou quelque présence dans tout ce qui se dit ou s’écrit
alors celui-ci ne se présente jamais sous la forme pleine, mais toujours morcelée, disséminée
«antihumanisme» : négation de la notion de sujet
l'homme n'a pas de volonté, n'est pas libre, n'est pas la cause de ses actes et de ses pensées
l'être humain n'est qu'un être biologique et vivant en société
questions d’organisation de la connaissance
le constructivisme radical
Ernst von Glasersfeld (1917 - 2010)
chacun crée sa propre réalité
nous n'avons aucun moyen de savoir ce que la réalité devrait être
les constructions mentales
construites à partir d'expériences passées
aident à imposer un ordre au flot continu d'expériences de l'apprenant
si il y a échec
à cause de contraintes internes ou externes
les construits changent pour s'accommoder aux nouvelles expériences
la « vérité » est remplacée par la « viabilité »
limitée par des contraintes physiques et sociales
les «rhizomes» et les «plans de consistance»
Gilles Deleuze
(1925 - 1995)Felix Guattari
(1930 – 1992)les «rhizomes» : modèle descriptif et épistémologique
dans lequel l'organisation des éléments ne suit pas une ligne de subordination hiérarchique
—avec une base, ou une racine, prenant origine de plusieurs branchements, selon le modèle bien connu de l'Arbre de Porphyre—
mais où, tout élément peut affecter ou influencer tout autre
tout attribut affirmé d'un élément peut influencer la conception des autres éléments de la structure, peu importe sa position réciproque
n'a pas de centre
—c'est-à-dire des propositions ou des affirmations plus essentielles que d'autres— qui se ramifient selon des dichotomies strictes
la structure de la connaissance n'est pas dérivée
au moyen de déductions logiques
d'un ensemble de principes premiers
mais s'élabore simultanément plutôt
à partir de tout point
sous l'influence réciproque des différentes observations et conceptualisations
lignes de solidité et d'organisation fixées par des groupes ou ensembles de concepts (des plateaux)
L'Anti-Œdipe (1972)
les «plans de consistance»
l’inconscient est impersonnel et affirmatif
il agence des éléments hétérogènes sur un plan de consistance
à la surface duquel se produisent des processus disséminés et temporaires de subjectivation
Mille Plateaux (1980)
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