origine de l'approche analytique
René Descartes (1637) Discours de la méthode
préceptes :
1) le critère de la vérité est dans la connaissance claire et distincte.
«Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle, c'est à dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de la mettre en doute»
la vérité est trouvée dans la certitude qui surgit au sein même du doute
2) pour comprendre le fonctionnement de l'objet étudié, il s'agit de le décomposer en autant de parties, ou de "parcelles", nécessaires
«Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.»
en connaissant les parties, on connaitrait le tout
3) l'analyse prend la forme de la démonstration mathématique
«Le troisième, de conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusqu'à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.»
le monde rationnel est un monde de vérités qui s’enchaînent si logiquement qu’elles peuvent être tirées les une des autres par démonstration
4) revue entière et générale des objets (exhaustivité)
«Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre."»
critique du réductionnisme cartésien
méthode adaptée à l'étude des systèmes stables
constitués par un nombre limité d'éléments aux interactions linéaires
pouvant être décrites par des lois mathématiques continues et additives
-> ne convient plus dès lors que l'on considère la complexité organisée
telle que rencontrée dans les grands systèmes biologiques, économiques et sociaux
nouvelle méthodologie ayant comme objectif de palier les carences de l'approche analytique, causale
introduction de la notion de système
prenant en compte l’instabilité, l’ouverture, la fluctuation, le chaos, le désordre, le flou, la créativité, la contradiction, l’ambiguïté, le paradoxe
Ludwig Von Bertalanffy (1901 - 1972) Théorie générale des systèmes (1969)
contribution à l'émergence d'une vision holiste de la vie et de la nature
met en évidence les points communs et les isomorphismes des systèmes en général
définit un système comme: «Un ensemble d'unités en interrelations mutuelles»
s'oppose à la réduction aux unités élémentaires de Descartes
met en évidence les qualités émergentes issues des interrelations mutuelles entre unités
influence des travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique
Communication et commande chez l'animal et dans la machine (1948)
«La cybernétique est la science générale de la régulation et des communications dans les systèmes naturels et artificiels.» (Wiener, 1968)
Jean-Louis Le Moigne (1934 - ) La théorie du système général (1977)
passer de la complication à la complexité
quatre préceptes
1) précepte de pertinence
convenir que tout objet que nous considérons se définit par rapport aux intentions implicites ou explicites du modélisateur
mettre en doute cette définition si, nos intentions se modifiant, la perception que nous avions de cet objet se modifie
-> la culture, le cadre mental du modélisateur se reflètent directement dans son modèle, qu'il ne devra remettre en cause si sa perception évolue dans le temps
2) précepte du globalisme
considérer toujours l'objet à connaître par notre intelligence comme une partie immergée et active au sein d'un plus grand tout
le percevoir d'abord globalement, dans sa relation fonctionnelle avec son environnement sans se soucier outre mesure d'établir une image fidèle de sa structure interne, dont l'existence et l'unicité ne seront jamais tenues pour acquises
- > nécessité de conserver les liens entre l'objet étudié et son environnement, la nécessité d'avoir une vision holiste non réductrice
3) précepte téléologique
interpréter l'objet non pas en lui-même, mais par son comportement, sans chercher à expliquer à priori ce comportement par quelque loi impliquée dans une éventuelle structure
comprendre ce comportement et les ressources qu'il mobilise par rapport aux projets que, librement le modélisateur attribue à l'objet
-> ne pas décomposer l'objet pour tenter de comprendre absolument de quoi il est fait, mais plutôt d'en étudier son comportement c'est à dire ce que cet objet fait
4) précepte de l'agrégativité
toute représentation est partisane, non pas par oubli du modélisateur, mais délibérément
chercher quelques recettes susceptibles de guider la sélection d'agrégats tenus pour pertinents
exclure l'illusoire objectivité d'une recensement exhaustif des éléments à considérer
-> il est impossible de chercher à représenter l'objet comme une copie exacte du réel, mais qu'il faut s'aider de recettes pour nous guider
=» théorie de la modélisation
alliance d'un savoir et d'une pratique
repose sur l'appréhension concrète d'un certain nombre de concepts tels que:
système
interaction
rétroaction
régulation
organisation
finalité
vision globale
évolution
etc.
prend forme dans le processus de modélisation
utilise largement le langage graphique
va de l'élaboration de modèles qualitatifs, en forme de "cartes",
à la construction de modèles dynamiques et quantifiés, opérables sur ordinateur et débouchant sur la simulation