Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques | Louis-Claude Paquin, UQÀM |
Jean Piaget (1896 - 1980)
utilise le terme en 1967 dans l'article de l'Encyclopédie de la Pléiade « Logique et Connaissance scientifique »
rupture avec les idées conventionnelles sur l’acquisition des connaissances
en réaction au behaviorisme qui limitait l’apprentissage à l’association stimulus-réponse
met en avant l’activité et la capacité inhérentes à chaque sujet qui lui permettent d’appréhender la réalité qui l’entoure
« on ne connaît un objet qu’en agissant sur lui et en le transformant »
Psychologie et épistémologie (1970)
résultat de l'interaction intentionnelle d'un sujet sur un objet
la connaissance
processus actif avant d'être un résultat fini
« la connaissance ne saurait être conçue comme prédéterminée, ni dans les structures internes du sujet, puisqu'elles résultent d'une construction effective et continue, ni dans les caractères préexistants de l'objet, puisqu'ils ne sont connus que grâce à la médiation nécessaire de ces structures »
la connaissance est considérée comme un outil dans le domaine de l’expérience
ne vise pas à produire une copie de la réalité mais elle sert plutôt à l’« adaptation »
l'adaptation
au niveau biologique, vise à la survie
au niveau conceptuel, vise à l’élaboration de structures cohérentes et non contradictoires
pas un ajustement à quelque chose indépendant du sujet
notion de schème
« ce qui, dans une action, est transposable, généralisable ou différenciable d’une situation à la suivante, autrement dit, ce qu’il y a de commun aux diverses répétitions ou applications de la même action »
Biologie et connaissance, 1973, p. 23
désigne la structure générale de l’action (pas l’action elle-même)
se conserve au cours des répétitions
se consolide par l’exercice
tend à se généraliser au contact du milieu (différenciations, coordinations)
l'apprentissage
construction progressive d'un système de plus en plus complexe de savoirs et de savoirs-faire (les schèmes)
l’enfant se réalise à travers un processus graduel d'interactions avec son environnement
se développe lorsqu'il est confronté à de nouvelles caractéristiques de son environnement
lorsquil est confronté, il se produit un « déséquilibre » qu'il cherche à résoudre à travers deux processus d'adaptation
le premier est celui de l’assimilation : il associe les nouvelles expériences à la conception qu'il a déjà du monde ou à ses schèmes mentaux
action du sujet sur les choses
rendre familier ce qui ne l’est pas
processus par lequel un objet du milieu est appréhendé par la structure actuelle du sujet
mécanisme par lequel le sujet applique ses schèmes déjà existants sur le réel pour incorporer, s’approprier les éléments du milieu
-> modification du milieu par le schème
le second est celui de l’accommodation : il modifie ses schèmes ou sa vision du monde pour incorporer les nouvelles expériences
activité par laquelle la structure actuelle du sujet se modifie en retour pour s’ajuster à une modification de l’environnement
différencier un schème pour l’adapter à un objet particulier
processus de modification d’un schème préexistant inadapté (échec de l’assimilation) en fonction des caractéristiques du nouvel objet ou de la nouvelle situation à s’approprier
-> modification du schème par le milieu
processus de la connaissance
« c’est en s’adaptant aux choses que la pensée s’organise et c’est en s’organisant elle-même qu’elle structure les choses »
assimilation des objets par les schèmes
le sujet applique un schème de préhension à un objet quelconque
l’objet saisi est assimilé par le schème
accommodation des schèmes aux objets
si l’objet saisi présente des particularités telles que le schème mis en jeu ne peut pas lui être directement appliqué
le schème va devoir se modifier, s’accommoder à l’objet
l’accommodation conduit le schème à se différencier au contact du milieu
l'intelligence
« L’intelligence ne débute ainsi ni par la connaissance du moi, ni par celle des choses comme telles, mais par celle de leur interaction ; c’est en s’orientant simultanément vers les deux pôles de cette interaction qu’elle organise le monde en s’organisant elle-même »
La construction du réel chez l'enfant, 1937, p. 311
Pour Piaget, il n’existe pas « de structures cognitives a priori ou innées : seul le fonctionnement de l’intelligence est héréditaire et il n’engendre des structures que par une organisation d’actions successives exercées sur des objets »
l’intelligence sensori-motrice se développe à partir d’un noyau de programmes d’action innés
les actions particulières sont coordonnées par ces programmes généraux qui sont à la base des constructions ultérieures de structures cognitives
l’intelligence humaine est une élaboration continuelle d’opérations et de structures nouvelles
les réponses « fausses »ne sont pas des erreurs mais des réponses qui témoignent de l’inadaptation entre une action ou une opération et une situation
influence sur le constructivisme
Piaget met de l’avant l’importance de l'interaction du sujet connaissant et de l'objet observé dans la construction de la connaissance
il met l'accent sur le caractère constructif, récursif et relatif du savoir
ouvre la voie au développement du constructivisme
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