Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques

Trajectoire de la connaissance antique

 

Fermeture de l'école néoplatonicienne d'Athènes (529)

Fresque du peintre italien Raphaël (il a signé dans le cou d'un des personnages, Euclide). réalisée entre 1509 et 1510.

L’Académie est l'école philosophique fondée dans Athènes par Platon vers 388 av. J.-C. Elle dure jusqu'en 86 av. J.-C.

École néoplatonicienne

L'empereur romain Marc Aurèle, stoïcien, fait ouvrir en 176 à Athènes quatre chaires de philosophie, rétribuées sur les fonds impériaux :

La philosophie ne consiste plus dans l'art de dialoguer, mais dans l'art de commenter.

Fermeture de l'École d'athènes

Le christianisme était devenu à cette époque la religion d'Etat de l'empire romain et la plupart des philosophes grecs ne reconnaissant pas cette religion.

Imposition de l’unité religieuse par l'empereur byzantin Justinien (483-565), afin d’assurer l’hégémonie de son empire

impitoyables édits de proscription contre les païens, les juifs, les ariens, et de nombreuses sectes.

exclusion du service militaire, des postes publics et de l’enseignement

Ordonnance prise en 529 et envoyée à Athènes,

interdit «d’enseigner la philosophie», d’«expliquer les lois», et de «jouer aux dés».

confiscation de tous les biens

Exil des philosophes

Chez Khosro Ier, roi des Sassanides (dernier grand Empire Perse avant la conquête musulmane et l'adoption de l'islam).

Damascios le Diadoque, Simplicios de Cilicie, Eulamios de Phrygie, Priscien de Lydie, Hermias de Phénicie, Diogène de Phénicie et Isidore de Gaza.

En 532, ils s’installèrent à Harrân (Mésopotamie), qui servira de relais vers la culture islamique.

Conquête arabe

Après avoir reçu la révélation, Mahomed (570-632) donne aux Arabes une religion commune, l'Islam, et leur impose l'unité politique en même temps que l'unité religieuse.

 

En moins de dix ans (634-643), les Arabes conquièrent la Syrie sur l'Empire byzantin, la Chaldée et de l' Assyrie sur l'Empire perse, l'Egypte, autre province byzantine, et enfin la Perse elle-même.

Sous les Califes Omeyyades de Damas, les Arabes enlèvent à l'Empire byzantin toute l'Afrique du Nord (696-708), puis passent en Espagne.

Après avoir défait l'armée des Wisigoths près de Jerez de la Frontera (711), ils se rendent maîtres de la quasi-totalité de la péninsule.

Leur élan n'est brisé que par la victoire de Charles Martel, près de Poitiers, en 732.

A l'Est, ils conquièrent l'Afghanistan, le Turkestan et une partie de l'Inde ; mais ils échouent devant Constantinople (717).

Au moment où les Omeyyades sont dépossédés du Califat en 750, l'Empire arabe s'étend, d'un seul tenant, du sud de la Gaule au nord-ouest de l'Inde.

La terre espagnole devient le pays d'al-Andalûs pour 800 ans.

Renaissance arabe

L'acmé de la civilisation musulmane (en termes de développement scientifique et technique) se situe aux VIIIe et IXe siècles.

Les progrès sont tels qu'on peut parler de « première renaissance », bien antérieure au phénomène qui a lieu en Italie durant le XVe siècle.

Les conquérants n'en sont pas les auteurs, mais ils les ont reçus des pays de vieille civilisation qu'ils ont conquis par la force : (Syrie, Liban, Égypte, Mésopotamie, province romaine d'Afrique).

Merveilles d'architecture telles que l'Alhambra et la grande mosquée de Cordoue.

Poésie arabe des caballeros d'Al-Andalûs (amor caballescero); ces cavaliers maîtrisant à la fois les arts de la guerre et la mystique musulmane, transmirent au sud de la France, par la Provence, leur style de versification qui inspira ensuite les vers de Dante à Florence.

Le jeu d'échecs, que les arabes rencontrèrent en Perse et diffusèrent sur leurs terres.

La médecine des humeurs d'Averroès (Ibn Rushd) reprend celle des Grecs.

La pensée d'Avicenne (Ibn Sina, persan) sur la distinction de l'«essence» de l'être et de l'existence qui sera exploitée par Thomas d'Aquin et constitue une des bases de la philosophie scolastique néo-aristotélicienne du Moyen Âge chrétien.

Les Maures développent le système d'irrigation hérité des Romains qui édifièrent canaux et aqueducs et y apportent des innovations techniques, dont une partie provenaient de Perse : la roue à godets ou noria. Puis ils creusent des citernes souterraines (algibes) à Grenade.

La coutume des ablutions (avec le savon, ou pain d'Alep dont la fabrication, initialement faite à Gallipoli sera acclimatée plus tard à Marseille), et qui, bien que connu en Europe depuis l'époque gauloise, n'était utilisé que comme shampooing.

Art de la céramique (azulejos) et du stuc

Essor de la géographie, par la cartographie dans le royaume arabo-normand de Sicile.

Technique de la faïence hispano-mauresque, développée et transmise en Europe.

Le zéro, ainsi que son arithmétique, qui furent inventé en Inde avant la conquête musulmane.

Les armées musulmanes du royaume de Grenade se servent au XIIIe siècle et pour la première fois en Europe, de la poudre noire

L'Europe a alors environ deux siècles de retard sur le monde musulman, bien que des villes comme Venise aient à cet égard un statut un peu hors norme.

Reconquista de la péninsule ibérique

Débute véritablement à la bataille de Las Navas de Tolosa (16 juillet 1212), la première victoire de cette campagne, et s'achève au XVe siècle par la conquête des derniers reinos de Taïfa en 1492 (conquête de Grenade).

La reconquête de Tolède – dernier foyer de la culture arabe – par Alphonse IV de Castille en 1085 ouvrait la richesse des bibliothèques aux érudits des quatre coins d’Europe.

En 1135 l’archevêque Raymond de Toulouse y fonde un collège de traducteurs où des Italiens, des Français, des Anglais, des Juifs, des Flamands s’illustrent aux côtés des Espagnols dans un gigantesque projet de traduction.

L’École de Tolède

Travaux de traduction de l’arabe au latin qui ouvrent à la connaissance occidentale les écrits philosophiques et scientifiques de l’héritage gréco-arabe en médecine, mathématiques, astronomie et astrologie, etc.

- Redécouverte d’Aristote par le biais des commentaires d’Averroès et Avicenne.

- Initiation au système numérique arabe et à l’algèbre.

- Découverte du système du monde de Ptolémée.

- Premiers contacts avec la pensée médicale gréco-arabe (cf. par exemple Hippocrate qui a donné son nom au fameux serment que prêtent les médecins !).

-etc.

Les traducteurs de l’École de Tolède ont été des agents de création, de diffusion et de vulgarisation des connaissances dans un contexte qui impliquait un lien entre création et traduction puisqu’un fossé séparait l’état des connaissances de la société d’origine (l’Espagne arabe) et de la société d’accueil (l’Espagne chrétienne).

La prestigieuse bibliothèque clunisienne comprenait quelques centaines d’ouvrages, les manuscrits arabes de Tolède se comptaient, eux, par milliers (d’aucuns ont avancé le chiffre de 300 000…).

Le roi est commanditaire de toute traduction.

manuscrit et statue d'Averroès

Les principaux traducteurs

Dominicus Gundisalvi (1110 - 1181), Archidiacre de Ségovie

traduit en latin une part importante de l'ouvrage encyclopédique d'Ibn Sina (Avicenne), le Kitah al Chifa’ (Livre de la guérison), le Maqasid al-falasifah (Les intentions des philosophes) d'al-Ghazali et le Ihsa’al-ulum (Traité sur le recensement des sciences) d'al-Farabi.

mais comme il ne connaissait pas l'arabe, il utilise un intermédiaire, musulman ou juif, pour effectuer une traduction en castillan

parmi ces traducteurs juifs intermédiaires, reviennent souvent les noms d'un certain Salomon, et, surtout, de Johannes Avendeath (ou Avendauth, ou Johannes ben David, ou Johannes Hispanus, ou encore Jean de Séville) dont l'identité a suscité beaucoup de controverses.

 

Gerardo di Cremona (1114-1187)

traduit plus de soixante-dix traités, dont l’Almageste un traité d'astronomie composé par Claude Ptolémée, le célèbre astronome, mathématicien et géographe grec du 2e siècle, qu'il termina en 1175.

ses traductions couvrent quasiment tout le champ scientifique de son temps, entre autres, plusieurs livres d'Aristote (De la Physique, Du ciel et du monde, De la génération et de la corruption et Les météores), d'al-Kindi, d'Isaak Israeli, d'Ibn Sina, de Galien et d’autres.

 

Judas B. Mosé ou Yehuda ben Moshe haKohen

médecin et l’un des principaux traducteurs du roi Alphonse X de Castille (1252-1284), appelé « le Sage ».

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