Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques

La méthode expérimentale

 

La méthode expérimentale vient perfectionner la recherche empirique en soumettant la soumettant à une démarche systématique.

Précurseurs

Francis Bacon  (1561-1626)

considéré comme le précurseur de la science moderne puisqu’il est le premier à proposer une démarche structurée de recherche empirique.

abandonne la pensée déductive, qui procède à partir des principes admis par l’autorité des Anciens, au profit de l'« interprétation de la nature », où l’expérience enrichit le savoir.

cherche à faire le lien entre le rationalisme et l'empirisme :

«Ceux qui ont traité des sciences furent ou des empiriques ou des dogmatiques. Les empiriques, à la manière des fourmis, se contentent d'amasser et de faire usage ; les rationnels, à la manière des araignées, tissent des toiles à partir de leur propre substance ; mais la méthode de l'abeille tient le milieu, elle recueille sa matière des fleurs des jardins et des champs, puis la transforme et la digère par une faculté qui lui est propre. Le vrai travail de la philosophie est à cette image. Il ne cherche pas son seul et principal appui dans les forces de l'esprit ; et la matière que lui offrent l'histoire naturelle et les expériences mécaniques, il ne la dépose pas telle quelle dans la mémoire, mais modifiée et transformée dans l'entendement. Aussi d'une alliance plus étroite et plus respectée entre ces deux facultés, expérimentale et rationnelle - alliance qui reste à former -, il faut bien espérer »

Novum Organum, aph. 95

rationalisme :

repose en partie sur la conception platonicienne exposée dans l’allégorie de la caverne, exposée dans le Livre VII de La République, selon laquelle l’expérience sensible ne saurait donner de connaissance véritable.

le réel ne serait connaissable qu'en vertu d'une explication produite par la raison humaine.

postule l’existence en la raison de principes universels tels que la logique et la causalité

propose avant Newton une méthode de type inductive pour organiser l’expérience :

commencer d'abord par recueillir les faits, les énumérer et les ordonner pour en faire une généralisation qui tient lieu d’hypothèse sur la cause ou la nature du phénomène étudié qui, par la suite, sera l’objet d’une vérification.

René Descartes (1596-1650)

considéré comme un des précurseurs de la méthode expérimentale.

affirme dans son Discours de la méthode (1637) que le raisonnement dont le modèle est fourni par la déduction mathématique ne peut se suffire à lui même

pose l'expérience concrète comme source de la connaissance

propose quatre règles :

1. Règle de l’évidence : n’accepter que des connaissances certaines (pratique du doute systématique) ;

2. Règle de l’analyse : décomposer un problème en sous-problèmes plus simples ;

3. Règle de l’ordre : commencer par les problèmes les plus simples ;

4. Règle des dénombrements : recenser toutes les parties pour ne rien oublier (faire une synthèse).

Les deuxième et troisième règles constituent le fondement du réductionnisme qui propose la décomposition récursive de phénomènes complexes jusqu’à l’atteinte de composantes élémentaires ou simples pour en produire l’explication.

Caractéristiques

provient du croisement de l’empirisme et du rationalisme.

l’empirisme fait appel à l’expérience sensible, principalement l’observation, comme source de la connaissance du réel.

le rationalisme soumet l’expérience sensible à des principes ou cadres théoriques a priori qui la rendent possible et en organisent le donné.

la recherche empirique est une pratique passive ou neutre de l’observation.

le chercheur qui effectue une expérience est actif en influant sur le cours des évènements pour isoler un phénomène qu’il veut analyser.

l’expérience doit être répétée afin de collecter des faits qui seront comparés entre eux pour en établir la validité.

l'acquisition de données est le résultat de la mesure des objets ou des phénomènes observés

l’opération de mesure a pour but de ramener les grandeurs observées sur une échelle de nombres réels dont la valeur unité est associée à une référence connue de tous.

nécessité d'un cadre théorique

les données brutes, c’est-à-dire les valeurs issues de la mesure, ne sont pas directement exploitables

pour acquérir un sens et servir à la production de connaissance, elles doivent

être mises en forme dans le cadre d’un modèle de données

puis être interprétées dans un cadre théorique.

l’observateur ne peut appréhender dans les faits bruts que ce que son cadre conceptuel théorique lui permet d’identifier, de reconnaître et d’interpréter

la méthode expérimentale est fondée sur la distinction des faits et de la théorie

la mise en place d'un schème expérimental permet de corroborer la théorie par les résultats d’expérience

les lois et théories sont des généralisations de faits objectifs

l'investigateur reste extérieur au dispositif expérimental, il est un observateur neutre qui n'intervient pas, miroir des faits « objectifs »,

le principe causal caractérise la méthode expérimentale :

tout fait a une cause et il n'y a pas d'effet sans cause ;

les mêmes causes produisent les mêmes effets ;

la cause précède ou accompagne son effet ;

la disparition ou la cessation de la cause entraîne la disparition ou la cessation de son effet.

la notion de causalité désigne la série linéaire des faits empiriquement constatables qui se succèdent nécessairement.

toute expérience, pour valoir, doit pouvoir être reproduite par les pairs, c’est le critère de l'exigence de reproductibilité.

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