Études en communication : aspects épistémologiques, méthodologiques et critiques

Le procès de Socrate

ou le triomphe du logos sur le muthos

qui était Socrate ?

 

Σωκράτης / Sokrátès est un philosophe grec né vers -470/469, mort en -399.

n’a laissé aucun écrit, sa pensée a été transmise par des témoignages indirects, surtout de son disciple Platon

On sait peu de choses sur la vie de Socrate, et la plupart d'entre elles concernent son procès de 399 av. J.-C.

qui était Platon ?

 

Πλάτων / Plátôn, littéralement « aux larges épaules », né à Athènes en - 428/427, mort en -348/347.

élabore une pensée qui explore la plupart des champs importants, dont la métaphysique, l’art et la politique.

 

Vient d'une famille aristocratique :

Oeuvre, composée presque exclusivement de dialogues,

Ses relations avec Socrate

Le pharmakon

Selon Bernard Stiegler

nom du remède, dont parle Socrate, en particulier dans le dialogue qui s’appelle Phèdre

Socrate dit à Phèdre qui s’en va écouter un sophiste lui faire un cours de rhétorique :

« Tu ne devrais pas aller écouter ce sophiste, parce qu’il va te donner l’impression que tu penses, alors qu’en fait, il va t’empêcher de penser. Il va te donner du prêt-à-penser, un discours tout prêt, qu’il va d’ailleurs te faire payer, et que toi, tu vas acheter pour gagner du pouvoir et au prix de perdre ton savoir. Parce que finalement, il va t’empêcher de penser par toi-même. »

Socrate analyse les techniques d’écriture que les sophistes utilisaient pour manipuler le langage, produire du symbolique.

Platon écrit : « Si les sophistes ont pris le contrôle des esprits, c’est parce qu’ils ont pris le contrôle de la technique de l’écriture »,

Platon fait dire à Socrate que l'écriture c’est un φάρμακον.

Les égyptiens ont inventé l’écriture parce que notre mémoire est finie, et que nous avons donc des trous de mémoire. On a besoin de psychotechniques, d’artefacts : ce sont des remèdes à nos carences, nous sommes des êtres faillibles.

Socrate énonce la toxicité de l’écriture:

« ces φαρμακα sont aussi des poisons, car l’écriture, c’est ce qui nous fait perdre la mémoire. Là où nous croyons que nous sommes en train d’augmenter notre mémoire, en fait, nous désactivons des pratiques mnésiques. »

Stiegler : « Connaître, c’est se re-souvenir. Savoir, c’est se souvenir. »

Platon ne condamne pas l’écriture, Platon condamne un usage non dialectique de l’écriture.

La dialectique est une opération de discrétisation, découper des énoncés c'est de les discrétiser, Grammatisation des énoncés.

 

La condamnation à mort de Socrate

par l’assemblée athénienne en 399

observer le fonctionnement de la démocratie athénienne par l’intermédiaire d’une sorte d’instantané des rapports de force, des luttes et des enjeux qui la traversent à un moment crucial de son histoire

condamnation par le tribunal des Héliastes sorte d'inquisition athénienne

procédure pour impiété (graphè asebeias)

à se donner la mort en buvant la ciguë

l’impiété réellement reprochée à Socrate n’est pas tant à chercher dans sont rapport aux dieux que dans un comportement social et une pratique pédagogique subversives

mise à mal des valeurs traditionnelles du foyer (oikos)

Paulin Ismard (2013). L’Événement Socrate, Paris, Flammarion, collection « Au fil de l’histoire », 303 p.

subversion de la rhétorique judiciaire :

plutôt que de se défendre, Socrate fait le procès de la démocratie athénienne et met en cause les fondements mêmes du régime démocratique.

 

Le passage du Phedon :

La mort de Socrate, par Jacques-Louis David, 1787

(117 a) Criton fit signe à l'esclave qui se tenait auprès. L'esclave sortit, et, après être resté quelque temps, il revint avec celui qui devait donner le poison, qu'il portait tout broyé dans une coupe. [...]

(117 b) Socrate prit [la coupe] avec la plus parfaite sécurité, Echécrate, sans aucune émotion, sans changer de couleur ni de visage [...]

(117 c) Après avoir dit cela, il porta la coupe à ses lèvres, et la but avec une tranquillité et une douceur merveilleuse.

(117 e) Socrate, qui se promenait, dit qu'il sentait ses jambes s'appesantir, et il se coucha sur le dos [...], En même temps le même homme qui lui avait donné poison, s'approcha, et après avoir examiné quelque temps ses pieds et ses jambes, il lui serra le pied fortement, et lui demanda s'il le sentait; [118a] il dit que non. Il lui serra ensuite les jambes ; et, portant ses mains plus haut, il nous fit voir que le corps se glaçait et se raidissait ; et, le touchant lui-même, il nous dit que, dès que le froid gagnerait le cœur, alors Socrate nous quitterait. Déjà tout le bas-ventre était glacé. Alors se découvrant, car il était couvert : Criton, dit-il, et ce furent ses dernières paroles, nous devons un coq à Asclèpios ; n'oublie pas d'acquitter cette dette. [...]

Criton [...] lui ferma la bouche et les yeux.

analyse

le Pharmakon est la cicutine, un alcaloïde qui se trouve dans les feuilles, les tiges, les fleurs et les fruits de la ciguë tachetée :

La ciguë fut utilisée non seulement comme moyen de procurer la mort, mais aussi comme substance thérapeutique, notamment par Hippocrate, le père de la médecine, afin de soigner la gonorrhée et diverses affections du rectum. Ainsi se révèle la double fonction de la cure médicinale: guérir ou du moins soulager, et donner la mort.

construction du personnage mythique de Socrate

Asclèpios, dieu de la santé et de la médecine:

adopté par les Romains sous le nom d'Esculape

selon la légende, Asclèpios, abandonné par sa mère Coronis, fut confié par son père Apollon à Chiron, un centaure, qui l'initia à l'art de la guérison. Il apprit les vertus médicinales des plantes grâce auxquelles il composa des remèdes et finit par ressusciter des morts. D'Epione, fille du roi de Cos, il eut deux fils, également experts en médecine, et cinq filles dont la plus célèbre est Hygie, avec qui il est souvent représenté et dont la tâche est d'enseigner les secrets de la saine conduite de la vie (hygiène). Leurs descendants furent appelés «Asclépiades», nom que l'on donnera aux prêtres qui desservent les temples consacrés au culte d'Asclèpios. 

À cause de sa proximité avec la souffrance, Asclèpios occupe une place exceptionnelle dans le panthéon.

Les pèlerins lui confient leurs maux physiques, lui adressent des prières et lui offrent en sacrifice un coq ou un moineau. Après ces gestes de dévotion, ils sont guidés vers une salle, appelée «lieu des soins» où l'on sert un breuvage soporifique. Asclèpios leur apparaît en songe et leur insuffle le remède qui leur rendra la santé. Dès le réveil, un prêtre de l'école des Asclépiades viendra toucher le malade à l'endroit de son mal et lui prescrira une diète, des bains et des frictions.

La fonction naturelle du coq est de chanter l'avènement du jour. Symbole du soleil levant et de la lumière naissante, le coq annonce le salut. Il est vénéré comme le protecteur et le gardien de la vie. Il mène le malade vers la guérison ou vers la bonne mort.

référence

le muthos

traduit en latin par fabula

signifie au départ pensée

une pensée « sauvage »

1) racine de la signification qui peut être non exprimés : intentions, objectifs, opinion, ...

a) la signification d'un propos

b) la signification d'un mot

c) un témoignage ou un récit

i) de faits avérés

ii) une rumeur ou une histoire inauthentique

iii) une histoire inventée qui n'est pas vraie mais qui donne accès à la vérité

iv) une fable ou un témoignage fabuleuxrelié à des histoires impliquants des dieux

v) une intrigue ou un drame, et plus généralement toute création poétique.

2) la forme mythique, allégorique est distincte de la présentation dialectique

on a commencé une civilisation du muthos ça veut dire que le mythe avec les forces cosmiques régit le monde avec aussi des lois cosmiques

au Néolithique, la civilisation du teros, l’âge de pierre, on a eu une divinité cosmique, un royaume terrestre.

Après, à plus deuxième millénaire, avant le Christ, c’était la civilisation du locos.

le logos

traduit en latin par le mot raison

une pensée régulée, disciplinée

les humains s'octroient une conscience, un contrôle, une compréhension et un acccès au pouvoir = logocentrisme dénoncé par Derrida

interprétation distortionnée qui ignore l'émotion, l'imagination, les senntiments et l'esprit

toutes les discipline en -logie

implique que la signification d'un aspect de ce qui est associées à la limitation et la réduction du tout en ses parties (réductionnisme)

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