Rhétorique des médias interactifs

l’information

L’information relève de l’ordre des systèmes cognitifs humains parce que l’acte interprétatif qui est inhérent à l’information est essentiellement fait par des personnes en fonction d’elles-mêmes.

Paradoxalement, les informations, ne peuvent être communiquées directement, sans la médiation de données organisées sous forme de représentations visuelles et ou sonores, sans le recours à une forme ou l’autre de code, de langage ou de schématique.

La mémoire à court terme comme lieu de l’information

George A. Miller à qui l’on doit la mise à jour du fonctionnement de la mémoire à court terme pose, dans Psychology and Information (1968) une question clé: « Where in the world is the information ? ».

La réponse qu’il fournit : dans une mémoire immédiate appelée ainsi parce que son délai de rétention est très court.

Bien cernée par la psychologie expérimentale, la mémoire à court terme est caractérisée par une capacité limitée : un nombre moyen d’environ sept éléments - des chiffres, des mots, des phrases significatives, ou toutes autres unités familières à la mémoire - pourront être conservées et rappelés.

Cette mémoire est aussi caractérisée par un oubli très rapide, les éléments n’y sont conservés que pendant quelques dizaines de secondes.

La phase sensorielle est très brève, la rétention d’une donnée se dégrade très rapidement, généralement au bout de 200 à 300 millisecondes. C’est durant cette phase que s’effectue la sélection des stimuli, ce qui implique le traitement d’une très grande quantité de données.

Cette limitation est compensée par une capacité de regroupement et d’intégration des unités traitées en des structures plus ou moins complexes selon la compétence et les connaissances acquises par construction, processus que l’on appelle communément « apprentissage ».

Approche écologique de l’interprétation

Vraisemblablement, le siège de l’interprétation est cette mémoire immédiate qui relie la perception et la mémoire.

Pour percevoir et sélectionner une information, il faut déjà un peu interpréter, ainsi l’interprétation se trouve étroitement liée sinon intriquée aux autres aspects de la cognition.

Dans le cadre du modèle écologique : données <-> information <-> connaissance, l’interprétation une activité intégrée, comportant des opérations non pas séquentielles, mais concurrentes et interreliées, de reconstitution, de mise en relation, d’intégration et d’évaluation, dont le produit est l’information.

Reconstitution

L’interprétation implique une re-constitution de la situation d’énonciation, des intentions, de la référence.

Cette reconstitution par inférence et interpolation peut s’avérer difficile sinon impossible en raison d’une absence de connaissances ou d’une trop grande distance temporelle ou culturelle, la culture entendue ici comme un ensemble de croyances associées à une communauté.

La personne qui fait une interprétation se trouve à projeter sur la situation à interpréter un contexte qui lui est familier.

Mise en relation

L’interprétation implique de déceler et d’établir des liens plus ou moins directs entre des indices, des signes ou des symboles constitués en énoncés et d’autres indices, signes ou symboles tirés de la mémoire, qui, sur la base d’une référence particulière au réel ou à des concepts, apparaissent apparentés.

Le sens est construit à partir de la convocation de contextes types, consolidé par de nombreuses occurrences passées, ce qui constitue en quelque sorte une expertise.

Évaluation

L’interprétation implique une évaluation ; porter un jugement sur un objet et lui assigner une valeur. Autant les données organisées sélectionnées, les associations produites que l’information elle-même sont objet d’évaluation.

Le jugement des personnes est soit rationnel, soit expérientiel.

Le jugement rationnel consiste en des inférences basées sur la logique des propositions, la logique des prédicats et celle des mondes possibles, celles basées sur des règles de raisonnement culturellement transmises.

Le jugement expérientiel permet de produire des actions et les décisions rapidement en court-circuitant le long trajet inférentiel du raisonnement au profit d’une considération intuitive de l’information et surtout de comment l’on se sent par rapport à la situation. Ce type de jugement repose donc sur les émotions ressenties par rapport aux affects.

Intégration

L’interprétation implique l’intégration de l'information à des schèmes conceptuels et culturels pré-existants.

Ces schèmes, concepts ou connaissances convoqués pour l'interprétation peuvent aussi se trouver modifiés par l'intégration de nouvelles informations ce qui constitue un mécanisme d’apprentissage et, par la suite, d'adaptation cognitive des individus à leur environnement.

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